Deliveroo rate son entrée en Bourse
La plateforme de livraison de repas Deliveroo connaît des débuts difficiles à la Bourse de Londres, ce mercredi, avec une chute de plus 20 % de son action. La plateforme avait pourtant joué la prudence en fixant à 3,90 livres sterling le prix de l'action, soit le bas de la fourchette annoncée.
En Bourse, comme à vélo, les débuts peuvent parfois être difficiles. Deliveroo vient d'en faire l'expérience : son titre plonge de plus de 20 % ce mercredi matin alors que la plateforme de livraison de repas fait son entrée sur les marchés.
Le cours a dévissé de 15 % dès ses premiers pas et vers 08h30, heure de Paris, le plongeon s'accentuait. Le titre perdait 23 %, à 3,02 livres. C'est bien moins que le prix de l'introduction fixé à 3,90 livres, équivalant à une valorisation de 7,6 milliards de livres (8,9 milliards d'euros). Pourtant ce prix avait déjà été revu à la baisse, lundi, après que plusieurs grandes sociétés de gestion d'actifs (Aberdeen Standard Life, Aviva, Legal & General Investment Management et M & G) ont boudé l'opération en raison de leur scepticisme sur la viabilité du modèle économique de l'entreprise et sur la structure de son capital, qui repose sur deux catégories d'actions.
L'entrée en Bourse la plus attendue à Londres
Deliveroo, connu pour son application permettant de commander des plats auprès de restaurants mais aussi livrer des courses alimentaires, devrait pourtant tout de même réaliser l'opération la plus importante depuis 2011 sur la place londonienne. Cette dernière cherchant à rester attractive face à la concurrence accrue de l'Europe avec le Brexit. Les échanges sont initialement réservés aux investisseurs professionnels avant d'être ouverts au grand public à partir du 7 avril.

Dans le détail, la plateforme a mis en Bourse 21,3 % de son capital, lui permettant de récupérer 1,5 milliard de livres, dont un milliard grâce à l'émission de nouvelles actions, et 500 millions d'actions existantes vendues. L'offre pourrait même grimper jusqu'à 22,9 % du capital si les investisseurs souhaitent acheter davantage d'actions. Deliveroo, dont le géant Amazon détenait 16 % du capital avant l'opération, veut utiliser l'argent pour financer sa croissance, même si la société n'est pas encore rentable.
Un « business model » en question
Jusqu'à présent, Deliveroo avait été discret sur ses performances. Le processus d'introduction en Bourse a permis d'avoir davantage de chiffres récents. La jeune société a vu la valeur des commandes passées, incluant la TVA, bondir de 64 % l'an dernier à 4,7 milliards d'euros. Deliveroo est présent en France, depuis 2015, mais aussi en Australie, en Belgique, à Hong Kong, au Koweit, aux Pays-Bas, à Singapour, en Espagne et aux Emirats Arabes Unis, sans l'Allemagne, quittée en 2019, et 800 villes. A eux seuls, le Royaume-Uni et l'Irlande comptent pour la moitié de l'activité.
Quid du statut des livreurs
Au-delà de la performance, c'est la pérennité du « business model » qui a été remise en question avec le processus d'introduction en Bourse. Celui-ci repose sur la précarité de ses livreurs, des travailleurs indépendants. Un modèle largement critiqué, notamment par des mouvements de protestation.
Deliveroo fait également l'objet de plusieurs actions en justice de la part de ces livreurs. Ils réclament une régularisation de leur activité. En Espagne, le gouvernement vient tout juste de considérer que les livreurs de Deliveroo et de ses concurrents sont désormais des salariés et pourront bénéficier d'une protection sociale. Une première en Europe. «Le modèle actuel donne à Deliveroo et à ses livreurs beaucoup de flexibilité mais aux dépens des avantages habituels pour les employés. Si la loi change, cela pourrait sérieusement miner le modèle d'activité de Deliveroo », prévenait la société d'investissement Hargreaves Lansdown. De quoi inquiéter les marchés.